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Vous avez déjà fait l’expérience de séances d’entraînement qui ne « passaient pas », de contre-performances notoires lors de compétitions alors que vous étiez bien préparé… et si ces mésaventures sportives étaient directement liées aux rythmes biologiques qui gouvernent nos vies ?
En effet, si l’on est attentif à
ses ressentis corporels, nous remarquons que nous ne présentons pas la même
constance en cours de journée. Nous n’avons, par exemple, pas très envie de
réaliser un marathon à 6h30 du matin ou encore à minuit comme nous avons pu le
voir lors des derniers Championnat du Monde d’Athlétisme à Doha. De même,
réaliser une séance de musculation à 8h du matin ne nous réjouit guère et on s’effraie
déjà à l’idée de la quantité d’échauffement qu’il nous faudrait réaliser pour
minimiser les risques de blessures. A l’inverse, nous nous sentons beaucoup
plus à l’aise pour une pratique sportive en fin de matinée ou en fin de
journée.
Ces ressentis s’expliquent par
les rythmes biologiques qui régulent notre énergie tout au long de la journée.
En effet, notre journée est découpée comme un long fractionné avec une
alternance de phases de sommeil et d’éveil au cours desquels l’énergie varie de
manière cyclique. Nous allons nous intéresser ici au rythme circadien et au
rythme ultradien qui impactent de manière direct la performance sportive.
Le rythme circadien
Le rythme circadien est constitué
de cycles d’une durée moyenne de 24 h comprenant 16h d’éveil et 8h de sommeil
consécutif. Il est composé de deux parties : un pic et un creux. La
survenance de ces pics et baisses d’énergie sont influencées majoritairement par
l’exposition à la lumière, les libérations hormonales et la température
corporelle. Ainsi, à certains moments de la journée, la vigilance est accrue et
favorise la performance sportive. Cette acrophase est liée à une température
corporelle accrue, une pression sanguine plus forte, une libération des
hormones actives (adrénaline, cortisol et sérotonine) en plus forte
concentration. C’est donc le moment de s’adonner à des tâches
intellectuellement plus complexes ou bien de faire du sport !
A partir de 9h, les sécrétions de
cortisol (hormone du stress) qui excitent le muscle cardiaque sont à des
niveaux qui vous permettent d’être performant dans des tâches intellectuelles.
C’est donc le moment de s’attaquer aux gros dossiers ! Le corps se charge
en glucose mais l’apport n’est pas optimal. Il est donc possible de réaliser
des activités sportives plutôt de type cardio mais sans mettre d’intensité excessive
(Fréquence cardiaque inférieure à 85% de son maximum). Cela peut également être
le moment de réaliser des exercices techniques et de placement. A partir de
12h, la température corporelle subit un décrochage, tout comme la glycémie
(taux de sucre dans le sang) et le cortisol. Mieux vaut donc ne rien programmer
de très sollicitant entre 12h et 15h.
A partir de 15h, une deuxième
plage favorable s’installe, correspondant encore mieux à l’activité sportive
que celle du matin. Ainsi, entre 17h et 19h, vos performances sportives seront les
meilleurs tant dans les efforts aérobies que les efforts anaérobies en puissance
et en capacité. Le travail de la force sera également très productif ! La
température corporelle est à son sommet ce qui améliore la conduction nerveuse
et la contraction musculaire. Cette période correspond également à un pic de sécrétion
de l’adrénaline qui engendre une accélération du rythme cardiaque, une augmentation
de la pression artérielle et une dilatation des bronches…le corps est prêt à
bondir !
Vous l’avez donc compris, dans la
tranche horaire 17h-19h le corps est dans des dispositions idéales pour
réaliser ses meilleures performances. Cela ne signifie pas qu’il ne faut pas ou
qu’il est impossible de faire du sport en dehors de cette plage horaire mais
simplement que le corps est bien plus disponible sur ce créneau pour se donner
à fond. L’entraînement sera alors optimisé car la réponse corporelle à la
charge d’entraînement sera optimale.
Ensuite à partir de 20h, les
concentrations sanguines des hormones stimulantes baissent pour laisser la
place aux hormones du sommeil comme la mélatonine et la température corporelle
diminue pour atteindre son point le plus bas vers 4-5h du matin. L’hormone de
croissance connait un pic de sécrétion au milieu de la nuit, ce qui permet de récupérer,
de réparer les dommages corporels et de se réveiller frais comme un gardon !
Pour synthétiser, les plages
horaires favorables à des tâches intellectuelles ou des exercices physiques
intenses sont de 9h à 12h et de 15h à 19h avec une disponibilité supérieure du
corps sur le créneau 17h-19h. Nous allons voir dans la partie suivante que même
au sein de ces plages favorables, l’énergie humaine n’est pas constante et qu’elle
est gouvernée par un second rythme que l’on nomme le rythme ultradien.
Le rythme ultradien
Le rythme ultradien est plus
court que le rythme circadien puisqu’il s’articule autour de période de 90 à
120 minutes entrecoupées par des pauses de 20 minutes environ. La vigilance de
l’individu est soutenue pendant 90 minutes environ, suivant la forme d’une
vague, puis elle décroche durant 20 minutes avant de remonter à nouveau.
Il est donc illusoire de chercher à avoir le
même niveau de performance pendant une durée supérieure à 1h30. Inévitablement,
l’attention et le corps se relâche. Idéalement, il faudrait profiter de cette
période peu favorable à la productivité intellectuelle et physique pour
vraiment couper et faire une pause profonde sans sollicitation. Il faudrait se
vider la tête. Meilleure sera la coupure et meilleur sera le cycle de vigilance
à venir. Cela induit que pour être productif et performant, il ne faut pas
hésiter à faire une pause de 20 minutes toutes les 1h30 à 2h. Dès que l’on sent
un décrochage, le fait de faire une pause totale permet de repartir de plus
belle 20 minutes plus tard.
Le rythme ultradien qui influe
sur notre niveau d’énergie doit être pris en compte dans la façon de gérer une
compétition. Il est essentiel de consacrer son énergie pour le moment où on en
aura le plus besoin, c’est-à-dire la course ou le concours. Si on commence trop
tôt à s’activer, on risque d’être dans la pente descendante lors de l’épreuve.
A l’inverse, commencez trop tard et l’énergie ne sera pas montée à son pic. Il
est donc essentiel de se mettre au calme avant l’épreuve et de ne pas dilapider
son énergie inutilement afin de la concentrer pour le moment opportun.
Comment gérer un concours qui démarre
à 15h et qui finit à 19h ? C’est le cas typique des concours de perche
lorsque le niveau est hétérogène. Comment gérer deux jours d’Epreuves Combinées ?
Comment gérer série et finale dans la même journée ? La solution
résiderait dans le fait de commencer le concours le plus tardivement possible
pour enchaîner ses sauts dans la durée de 90 minutes et de ne pas trop s’activer
lors du début du concours. Pour les épreuves combinées, il faudrait se ménager
des plages de repos total entre les épreuves sans stimulations physiques et
mentales afin de repartir du bon pied lors de l’épreuve suivante. De même entre
la fin de la série du 100m et le début de la finale, il faut se reposer un
maximum puis se réactiver environ 45’-1h avant l’épreuve pour bénéficier d’une
vigilance maximale.
Pour effectuer un parallèle avec
le sport collectif le plus populaire, le football, nous entendons parfois qu’une
équipe a des « trous d’air » durant un match. Ces moments faibles
interviennent car l’équipe n’a pas su diminuer et réguler son niveau d’énergie
au cours du match lorsque cela était possible et qu’elle subit les attaques de
l’équipe adverse alors même que les joueurs sont au plus bas de leur vigilance.
Savoir réguler son niveau d’énergie est un aspect essentiel de la performance.
La nuit, le sommeil suit
également le rythme ultradien avec des cycles d’une durée de 90 à 120 minutes
et une alternance de sommeil profond et léger. 4 à 6 cycles ultradiens s’enchaînent
et chaque cycle suit le même processus : à l’endormissement se succède le
sommeil léger puis le sommeil lent profond et enfin le sommeil paradoxal.
Bilan
La constance dans le niveau d’énergie
n’est pas possible. Au regard des rythmes circadiens et ultradiens, nous ne
pouvons garder une même performance tout au long de la journée. Savoir
concentrer ses niveaux d’énergie lorsque les situations l’exigent le plus et se
relâcher par moment permet de mobiliser sa vigilance de manière optimale au
cours de la journée. La régulation du niveau d’énergie au cours de la journée
est la clé pour répondre présent dans les bons moments !
Faisons preuve d’humilité et acceptons
parfois de se mettre en « stand bye » afin de tout donner lors des
moments clés ! Cette gestion des temps forts et des temps faibles devrait
faire partie des apprentissages prodiguées aux athlètes qui se lancent dans la
compétition afin de les aider au mieux à exprimer tout leur potentiel.
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