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Fin de l’aventure américaine pour
Simon Bédard qui, après 6 ans passées aux Etats-Unis, revient en France pour
faire de la course à pied son métier et tenter d’accrocher des podiums
nationaux et des sélections avec l’Equipe de France. Conscient que la concurrence
sera rude pour arriver à ses desseins, Simon a mis son énergie débordante au
service de son projet et est parvenu à réinventer complètement sa structure
d’entraînement. Simon bascule vers une nouvelle aventure loin du confort des
universités américaines avec beaucoup de fraicheur et de motivation qui seront
des atouts indéniables pour se démarquer et exister au plus haut niveau
français. Celui qui a frappé un grand coup cet hiver en devenant Champion de
Bretagne de cross et en terminant 8ème des derniers Championnats de
France de cross à Carhaix nous a rendu visite au siège du comité pour évoquer
sa nouvelle vie avant de rejoindre un vol en partance pour Lyon puis Font-Romeu.
La première partie de l'interview est parue le 28 juin sur notre site. Dans cette deuxième partie, Simon évoque son nouveau groupe d'entraînement ainsi que son statut d'athlète professionnel.
Tu es donc parti vivre 6 ans aux Etats-Unis, tu as fait
des compétitions un peu partout mais tu as conservé un ancrage territorial fort
avec ton club d’Athlé Pays de Vannes. Tu n’as pas quitté le maillot pendant 6
ans. Comment peux-tu définir ton attache à la région vannetaise ?
Il y a quelque chose, en étant
breton, on veut rester en Bretagne. Moi je suis née à Vannes, c’est le club ou
j’ai grandi même si j’ai commencé à l’Escapade Malestroit où il n’y avait pas
de groupes de jeunes. J’ai envie de rester à Vannes pour marquer le club de mon
emprunte et pour disputer les records du Morbihan et de Bretagne. Après, de
nombreux clubs en région parisienne m’ont fait des propositions ces derniers
temps. Dès fois tu réfléchis à deux fois car ils te proposent des sommes assez
impressionnantes, autour de 10 000 euros l’année. C’est pour cela que
j’essaie de trouver des sponsors ici. En plus de cela, quand tu es sur les
listes en Ile-de-France tu reçois un chèque de 10 000 euros supplémentaire.
Effectivement, tu disais que tu avais besoin de
30 000 euros par an pour faire une année d’athlé ?
Si tu vas juste dans un club parisien, tu reçois déjà 20 000
euros. Avec 20 000 euros, tu peux vivre de l’Athlé et tu ne peux faire que
ça. Je sais que je n’arriverai jamais à avoir 20 000 euros ici, c’est pour
cela que j’essaie de demander aux Collectivités et instances fédérales un
maximum et chercher des sponsors privés. Je tiens vraiment à rester en
Bretagne.
Et tu as pensé à contacter l’armée qui peut parfois
mettre des sportifs de haut-niveau sous contrat ?
On m’avait proposé un régiment
militaire sur Toulouse mais comme il manquait de filles, ils ont préféré
prendre une fille. C’est dommage car c’est plus confortable quand tu as un
salaire qui tombe tous les mois.
Pour vivre de l’athlé, il est important de signer avec un
équipementier. En possède-tu un ?
Oui j’ai signé avec Hoka. C’est
ce type de partenariat qui permet vraiment de vivre de l’athlé. Je bénéficie de
dotations d’équipement mais également d’aides financières et Hoka m’aide
parfois à financer certains stages. Cependant, cela ne reste pas suffisant pour
vraiment vivre à 100% de l’athlé, c’est pour cela que je cherche d’autres
sponsors. J’ai signé pour deux ans jusqu’en 2024 et j’ai pour optique de
re-signer ce contrat mais à la hausse en espérant que je puisse courir plus
vite ! J’ai l’ambition de négocier et d’avoir un contrat à la hausse avec
des bonus en plus en fonction des chronos que je vais potentiellement effectuer.
Ça donne envie de perfer un peu plus !
Pourquoi as-tu choisi Hoka ?
Ils m’ont contacté quand j’ai fait
ma première grosse perf, 28’16 sur 10000m (record du Morbihan). J’étais aux US
à l’époque et nous ne pouvons pas signer de contrat car nous sommes sous statut
amateur. J’étais aussi en contact avec Adidas et Asics mais ça n’a pas matcher.
Les contacts avec Hoka date de 2021. Nous sommes restés en contact avec l’envoi
fréquemment d’exemplaires de chaussures pour essayer.
Je suis content d’être rentré en France car dès fois aux US
on faisait des courses pour représenter l’école, des courses un peu lentes ou
on savait qu’on ne ferait pas de chrono. Là je sais que je vais pouvoir choisir
les courses et faire de gros chronos !
Comment fais-tu pour choisir tes lieux de stage et
partenaires sur les stages ?
Je ne suis pas aller beaucoup en
stage. Le stage de Font-Romeu que je vais débuter ne sera que mon 3ème
stage en carrière mais, aux USA, on dit qu’on est en stage toute l’année. J’ai
effectué mon premier stage à Font-Romeu il y a deux ans. J’avais un ami aux US
qui m’a dit lors d’une compète qu’il partait à Font-Romeu. Comme cela
m’intéressait, je me suis greffé à eux. Nous n’avions pas de coachs, nous
étions en autonomie et nous faisions les séances entre nous. Nous avions
également rejoint Florian Carvahlo et Yohan Durand et nous nous sommes greffés
à eux sur des séances, c’était sympa !
J’ai effectué mon 2ème
stage cet hiver au Portugal. Avec tous les autres athlètes de demi-fond sur les
listes ministérielles, nous avions reçu un message de la FFA nous informant de
la possibilité de faire ce stage. Cependant la FFA ne prenait en charge les
frais du stage que pour les athlètes ayant fait les Mondiaux. Nous pouvions
donc participer mais à nos frais. Je me suis arrangé pour y aller en contactant
Bastien Perraud, DTN dans le demi-fond, qui m’a dit qu’il y allait avec son
groupe et qu’il restait une place dans leur hébergement. Je connaissais un
athlète du groupe avec qui j’avais couru en cadet/junior. Je le connaissais de
nom. Ces athlètes sont des gars qui prennent du temps de vacances en plus (ndlr :
le stage se déroulait du 5 au 20 janvier). Ils s’entrainent sur des tps où ils
devraient normalement être en cours donc je me suis dit que ça devait être
sérieux.
Je ne m’entrainais pas avec eux
mais avec Donovan Christien et des gars de l’équipe de France. On s’organisait
pour les séances avec le DTN qui avait la trame et chacun adaptait avec ses
coachs.
C’est donc à cette occasion
que tu as rencontré Donavan et Bastien Augusto ?
C’est effectivement sur ce stage
que je me suis entrainé avec Donovan et Bastien Augusto, avant que Bastien ne parte
s’entrainer au Kenya. Ils ont aimé s’entrainer avec moi et en ont parlé à leur
coach Patrick Ribeiro pour que je puisse les rejoindre. Au finale, mi-février
je suis parti avec Donavan à l’INSEP rejoindre Bastien et son coach et c’est là
que j’ai rencontré Patrick pour la première fois. Il m’a entrainé pendant 10
jours pour voir comment cela pouvait se passer et cela lui a bien plu. Nous
sommes restés en contact et je vais à nouveau partir avec eux en stage. Là, à
Font-Romeu, il y aura Bastien, Donovan, Patrick et Arthur Gervais qui a fait
3’35 au 1500m récemment.
Qu’est ce qui va changer cette année ?
Je vais vivre des séances tout le
temps avec plus de variations d’allure et moins de longs footings. Je m’adapte
très bien à des changements d’entraînement alors ça devrait aller. Avec Régis
Quilléré, mon ancien coach, je faisais beaucoup de qualité et il ne m’a jamais
cramé. J’étais jeune et maintenant les jeunes de 17-18 ans s’entraînent
beaucoup plus. Jusqu’à 20 ans, je ne faisais rien comparer à eux. 2-3 séances
par semaine et deux footings de 50’. Ils s’entrainent beaucoup plus maintenant.
Tu vas devoir sans doute travailler beaucoup plus à ton
allure VMA, ce qui est bien plus intensif !?
Je n’ai jamais fait de test VMA,
je ne calcul pas trop mes allures qui sont basés sur des chronos de référence.
Je vais sans doute commencer à faire des tests avec Patrick et calculer mes
différents seuils en laboratoire. Je travaille aussi avec un cardio et je
commence à avoir des données sur une année entière.
Tu as développé un réseau et une structure au point. Tu
sais maintenant où tu veux aller et avec qui !
Oui enfin car normalement je devais
rentrer l’année dernière et je n’avais aucune idée d’avec qui m’entraîner, où
m’entraîner…je n’avais pas de contrat. J’ai eu une année de transition car je
me suis blessé pendant 8 mois ou je n’ai pas pu courir. Je suis reparti aux US,
ça m’a remis dans le bain. Je suis revenu entre temps et j’ai trouvé mon
équipementier et mon coach. Il me manque maintenant quelques sponsors pour
envisager l’avenir plus sereinement.
Une autre problématique importante pour les coureurs est
la capacité d’entrer dans les meilleurs meetings pour faire de grosses
performances. Les athlètes doivent entrer par l’entregent des agents. Comment
t’y prends-tu ?
Je suis en contact avec Riad qui
peut me faire entrer sur les meetings. Il faut entrer sur les starts-list, ce
n’est pas évident et ça peut être stressant. C’est beaucoup plus facile de
passer par lui pour entrer dans les meetings.
Peux-tu nous révéler ton rêve le plus fou ?
Ah c’est une bonne question ça…je
pense déjà que mon rêve le plus fou est de vivre de l’athlé. Si on m’avait posé
la question il y a 4-5 ans, je pensais que c’était impossible et que je
n’aurais jamais le niveau pour l’envisager. Maintenant ça devient une réalité.
Je me sens bizarre quand je vois mes potes de lycée ou j’ai l’impression d’avoir
un rythme totalement différent du leur. C’est moi qui m’organise comme je veux,
qui prend mes vacances quand je veux mais il faut perfer quand même hein !
Moi ma vie, je l’adore là, on voyage tout le temps, on va en compète, en
stage…C’est dingue !
Un de mes rêves, c’est de
participer aux JO de 2024, ça serait un truc de malade. Après ça va être dur je
le sais. Je ne me mets pas forcément de pression. Je sais qu’il y a beaucoup
d’athlètes qui basent leur discours sur les JO, je sais aussi que ça va être
très dur alors je ne me fais pas une fixette des JO. Si ça doit venir, ça
viendra. Si je ne fais pas les JO, je ne vais pas être démoralisé pour autant. Il
y aura d’autres sélections comme les Championnats d'Europe. Je ne me vois pas arrêter la
course en 2024 et commencer à bosser immédiatement. Je pourrais également bifurquer
sur une carrière sur route. Il y a plus d’argent sur la route que sur la piste,
ce qui me permettrait de vivre de l’Athlé.
Notre entretien arrive à son terme mais une question
essentielle demeure…pourquoi courir ?
J’ai toujours aimé courir, je
n’aime pas marcher. Ça passe plus vite. Je pratiquais le foot avant à
Malestroit, je courais partout et j’adorais aller partout. Les gars adoraient
m’avoir dans l’équipe. J’étais bon au foot mais pas exceptionnel et le fait de
courir partout me permettait de proposer des solutions. Les adversaires en face
étaient crevés, les 6 (ndlr :
milieu défensif) n’en pouvaient plus ! J’ai toujours aimé la
compétition, pour la course comme pour n’importe quoi. Avec mes amis, on est
tous très sportif et on se challenge pour n’importe quoi. Si on perd on est
chambré et si on gagne on chambre l’autre. J’adore la compète, j’adore courir
donc j’ai trouvé en l’athlé ma discipline. Quand j’étais petit, je gagnais les
cross et c’est en gagnant que j’y ai pris goût. En foot, si tu es dans une
équipe ou les gars sont moins sérieux, sortent beaucoup, tu as beau être le
meilleur joueur, tu ne feras pas grand-chose ! Alors qu’en athlé, c’est
que pour toi alors si tu ne sors pas, si tu es sérieux, travailleur et
discipliné, les perfs vont être là. Et si tu n’es pas bon, c’est toi aussi !
Est-ce que tu aurais un message à faire passer ?
Un message pour les jeunes :
croyez en vos rêves et faites-vous plaisir ! Ne vous prenez pas trop la
tête ! J’ai commencé vraiment à bien m’entraîner à 21 ans quand je suis
arrivé aux US. Je n’ai jamais tiré sur la machine avant, ce n’était que du
plaisir. Franchement, je ne pense pas que j’aurais aimé l’athlé en étant jeune.
J’étais en campagne à Malestroit ou il n’y avait pas d’école d’athlé pour les
jeunes comme à Vannes ou les gens font de l’athlé. J’aurai habité à Vannes, ça
aurait sans doute été différent mais là, en campagne, faire 35’ de route tous
les jours pour faire de l’athlé c’est très contraignant. J’étais avec mes amis,
je jouais au foot et j’étais très content. Après j’ai commencé à courir et j’ai
aimé ça avec les Interclubs. Au club de Vannes, j’ai trouvé des gens de mon âge
avec qui on faisait plein de truc ensemble, on s’entraînait ensemble, on
sortait ensemble. Ça crée une connexion. On allait ensemble au championnat de
France en mini-bus… Ça crée une expérience commune marquante.
Faut vraiment se faire plaisir et ne pas être trop tôt dans la compète. A mon époque, ceux qui gagnaient tout en minimes ont vite disparu, soit ils s’entrainaient trop fort en étant jeune soit ils étaient habitués à gagner et quand un autre arrive et gagne à leur place, forcément ça fait chuter la motivation. Moi je me suis toujours entrainé pour le plaisir et pour essayer de gagner. Mon coach Régis ne m’a jamais cramé, je voyais des gens de mon âge qui tiraient vraiment dessus et c’est pour ça que j’ai réussi à rattraper des gens de ma génération qui étaient vraiment costauds. Il y a beaucoup de monde né en 1997. C’est pareil pour Florian, il était bon en étant jeune mais pas aussi bon que maintenant. Il est vice-champion d’Europe U23 maintenant !
Simon merci beaucoup et bon courage pour la suite !
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