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Fin de l’aventure américaine pour
Simon Bédard qui, après 6 ans passées aux Etats-Unis, revient en France pour
faire de la course à pied son métier et tenter d’accrocher des podiums
nationaux et des sélections avec l’Equipe de France. Conscient que la concurrence
sera rude pour arriver à ses desseins, Simon a mis son énergie débordante au
service de son projet et est parvenu à réinventer complètement sa structure
d’entraînement. Simon bascule vers une nouvelle aventure loin du confort des
universités américaines avec beaucoup de fraicheur et de motivation qui seront
des atouts indéniables pour se démarquer et exister au plus haut niveau
français. Celui qui a frappé un grand coup cet hiver en devenant Champion de
Bretagne de cross et en terminant 8ème des derniers Championnats de
France de cross à Carhaix nous a rendu visite au siège du comité pour évoquer
sa nouvelle vie avant de rejoindre un vol en partance pour Lyon puis Font-Romeu.
Simon en chiffres :
2 sélections en Equipe de France
Records : 3’39 sur 1500m – 7’51 sur 3000m – 13’32
sur 5000m - 28’16 sur 10 000m
1 sélection à venir pour les Championnats du Monde Universitaire
Partie 1 : L’expérience
américaine
Simon, tu as passé six années aux Etats-Unis,
au début à l’Université CBU puis ensuite à Butler dans l’Indiana. Tu connais
donc bien le système américain qui prend en charge de plus en plus d’athlètes
français qui font leurs armes là-bas avant de revenir transformés en France.
Les universités américaines, c’est comment ?
Au niveau organisationnel, à
Butler il y a une équipe de 50 gars et de 50 filles dont 50 en demi-fond, 30 en
sprint et quelques-uns en lancers et sauts. Un head coach (=entraîneur en chef)
cordonne toutes les disciplines, il est aidé par deux entraîneurs assistants (l’un
pour le sprint et l’autre pour le demi-fond), par un préparateur physique et
par une cellule de récupération comprenant plusieurs kinés. Les coachs sont à
plein temps et ne s’occupent que du fonctionnement sportif de la section :
planification, suivi des entrainements, recrutement, commande équipement et
logistique compétition.
A ce personnel, vous ajoutez une
piste d’athlétisme en bon état et vous obtenez de très bonnes conditions
d’entraînement. Les déplacements en compétition sont entièrement gérés et
financés par la structure. Pas de tracas à avoir ! L’hébergement se fait dans
des hôtels 4 étoiles, toute l’organisation logistique est prévue avec un timing
très précis. On sait à quelle heure on va manger, à quelle heure on prend la
navette….on ne se préoccupe de rien !
Une équipe de 100 athlètes, c’est énorme ! Cela doit
nécessiter une discipline de fer…
Effectivement, une grande
discipline est nécessaire et même obligatoire pour les 6 entrainements/jour, il
y a un jour de repos légal. Le premier entrainement se déroule à 7h30. Il faut arriver
au plus tard à 7h29 sinon tu es en retard.
Au vu de l’expérience que tu
as vécu aux Etats-Unis, peut-on dire que la France est un pays de culture
sportive ?
Ah non pas du tout, il y a
vraiment un monde d’écart entre la France et les Etats-Unis. Mon emploi du
temps des cours était vraiment adapté aux horaires des entraînements, ce qui
permet de gérer à la fois cursus sportif et cursus scolaire. En France, j’ai
loupé deux jours de cours lorsque j’étais à l’IUT de Rennes car j’honorai une
sélection junior en Equipe de France…et bien j’ai eu deux 0 ! On m’a dit
que je n’avais pas de motifs d’absence. Il aurait fallu que je sois malade et
que je dispose d’un certificat médical du médecin pour éviter ces zéros.
Penses-tu pourvoir retrouver les mêmes conditions
d’entraînements en France ?
Retrouver mieux non, pareil
j’espère ! Notre coach américain nous avait prévenu qu’en quittant
l’université, il serait difficile de retrouver des conditions similaires. Dans
chaque université aux USA, c’est comme s’il y avait un mini-Insep, c’est assez
incroyable ! L’Université de Butler que j’ai fréquenté n’est pas la
meilleure du pays mais, par exemple, l’université d’Oregon est incroyable avec
des conditions d’entrainement bien meilleur qu’à l’Insep. La piste a accueilli
les derniers Championnats du Monde, il y a une piscine sous la piste, une salle
de musculation et de récupération dernier cris. Il y a même un coiffeur
permanent à disposition des athlètes !
Il y a des Universités privés et des
Universités d’Etat qui dispose d’ailleurs parfois des plus gros budgets. L’engouement
autour du sport universitaire est incroyable aux Etats-Unis avec des matchs de
Foot Us qui peuvent rassembler jusqu’à 100 000 spectateurs. Ce n’est pas
encore le cas de l’Athlé malheureusement.
C’est impossible d’avoir de meilleures conditions
d’entraînement qu’aux USA. J’étais vraiment content d’être là-bas. J’y suis
resté 6 ans, c’est une longue période, je ne partais pas pour autant,
simplement pour 2 ou 3 ans à la base mais entre le covid et ma blessure, 2 ans
se sont rajoutés comme ça
Comment pourrais-tu définir la place du collectif dans
l’organisation des entrainements ?
Elle est clairement
prépondérante, c’est ça qui m’a fait passer un gros cap. Auparavant, j’étais licencié
à Vannes mais je m’entraînais seul à Rennes. Je faisais parfois des séances
avec les gars de mon club en rentrant mais je me retrouvais parfois seul à
courir dans le bois de Kerozer alors qu’aux US, nous étions toujours une
quinzaine pour les entraînements avec quatre ou cinq personnes du même niveau
que soi. Cela change tout au niveau de la motivation et cela m’a permis de bien
plus m’investir dans la pratique. Impossible de lâcher une séance ! C’est
vraiment top de pouvoir s’entraîner avec des gars du même niveau que toi.
Que pourrais-tu dire du suivi médical dont tu as
bénéficié aux US ?
J’ai développé une fracture de
fatigue et j’ai eu la possibilité d’avoir un IRM sous trois jours contre deux
mois environ en France. On gagne du temps sur le diagnostic et donc sur le
processus de récupération et de réathlétisation qui s’en suit. Le suivi médical
était top à Butler, un peu moins bien à CBU. Le médecin de l’Université bossait
avec l’équipe américaine d’Athlétisme, il a ainsi développé un réseau et un
savoir incroyable. Il a participé en tant que médecin à plusieurs éditions des Championnats
du Monde ainsi qu’à des meetings de Diamond League. Il nous a transmis une
belle expérience concernant la gestion de ces grands évènements.
Nous partions également sur chaque compétition avec un kiné.
C’était l’idéal pour la récupération et pour nous permettre d’enchaîner les
courses. Nous pouvions le voir avant la course pour chauffer les muscles et
après l’épreuve pour un massage de récupération.
Y-avait-il d’autres accompagnants dans la
délégation ?
Oui, nous voyagions avec un ou deux
photographes pour avoir des photos en instantanée avec des réalisations Instagram
toutes prêtes, il n’y avait plus qu’à les poster. C’était très au point à CBU
moins à Butler. Cela constituait pour nous une sacrée aide, nous ne galérions
pas pour récupérer une photo de nous en course. Le gars finissait sa course, deux
heures après il avait ses photos et sa story Insta prête à poster. C’est exactement
ce que demande les sponsors et les équipementiers. Les marques, quand tu signes
des contrats, c’est tout ce qu’elles veulent.
Hors course à pied, qu’est-ce que cette expérience
américaine t’a apporté ?
Au niveau culturel, c’est vraiment top. Durant six ans, j’ai rencontré des gens que je n’aurai jamais eu l’occasion de rencontrer par ailleurs.
Parlais-tu anglais avant de partir ?
Non, je ne parlais pas Anglais
avant de partir. CBU est la seule école ou il n’est pas nécessaire de passer un
niveau d’anglais pour être accepté. Pour les autres il faut un certain niveau
au TOEFL. CBU proposait des classes d’anglais intégré pour apprendre la langue.
Une fois que j’ai appris l’anglais, je suis parti à Butler. A CBU, ils te
prennent même si tu ne parles pas un mot d’anglais.
Pourquoi être parti aux Etats-Unis ?
J’y suis allée car j’aimais
courir. Avant de partir, j’avais un niveau correct mais pas exceptionnel. J’avais
tout de même envie de continuer car, en France, soit on étudie et on met en standby
la course à pied en compétition, soit on ralenti les études pour courir à fond.
Pour moi les études sont tellement importantes que je ne voulais pas
fonctionner ainsi. Je voulais courir et continuer aussi les études et avoir un
diplôme. Je ne m’attendais pas à ce que la formation américaine soit comme ça,
aussi professionnalisante. Il y a une vraie culture de l’entreprenariat, un
apprentissage de la rigueur et de l’autonomie.
Tu as donc fait fi des critiques de la méthode
américaine ?
Beaucoup d’entraineurs en France critique la méthode
américaine car elle cramerait les athlètes mais pour moi, malgré une année ou
je me suis blessé, franchement c’était top ! J’ai passé un cap et sans
cela je n’aurai jamais atteint le niveau que j’ai actuellement.
Quelle suite envisages-tu de donner à ta carrière
d’athlète ?
A la base, je souhaitais aller
aux Etats-Unis pour continuer de front études et entraînements puis ensuite
partir bosser sauf que là, je me dis que j’ai quelque chose à faire. Je vais
faire deux ans à temps plein au moins dans l’Athlé et voir ce que cela peut
donner.
Surtout qu’avec 13’35 sur 5000m, tu es 13ème
au bilan français (à la
date du 20 juin 2023), tu n’es pas si loin des tous
meilleurs !
J’espère encore baisser un peu mon chrono mais le niveau est
quand même très costaud en France.
Avec Florian Le Pallec (7ème au bilan avec
13’29), vous êtes deux morbihannais dans les 13 premiers du bilan français sur
5000m, ça vous donne des idées ?
Bien sûr (sourire) ! Avec Florian, nous avons le
même parcours et nous avons profité du système américain pour devenir plus fort
que jamais. Florian a suivi le même parcours que moi avec CBU et maintenant, il
va rejoindre Butler comme moi.
Est-ce que vous échangez ?
Oui il me demande quelques conseils, on échange beaucoup. Je
pense qu’il va suivre le même chemin que moi car il veut passer professionnel
l’année prochaine après une année à Butler.
Vous pourriez rejoindre une même structure
d’entraînement à l’avenir ?
Oui je lui dis reste là et entraine-toi
avec moi ! Mais il va repartir une année aux USA. Moi je veux m’entrainer
avec le plus de monde possible. Ça a beau être quelqu’un avec qui on est en
concurrence directe, on se bat tous les deux pour le record du Morbihan, pareil
avec Donovan Christien pour le record de Bretagne, mais moi je veux m’entrainer
avec les meilleurs possibles. C’est pour cela qu’on se tire la bourre. Quand on
voit le niveau en Bretagne, il n’a jamais été aussi élevé depuis un bon moment !
Benoit Campion, le finistérien dorénavant licencié au SATUC de Toulouse, a couru
3’35 au 1500m, Donovan Christien 13’22 au 5000m… On voit aussi Julia Cherot
avec 2’02 au 800m. Les rennaises Léna Kandissounon avec 1’59 au 800m, Agathe
Guillemot et ses 4’05 au 1500m (amélioré ce week-end avec 4’04), Shana Grebo l’année dernière
sélectionné pour les Championnats du Monde…
Une semaine type d’entraînement pour toi ça ressemble à
quoi ?
Ça va changer très prochainement, je sais que l’entraînement
en France est différent de celui des Etats-Unis où il est plus axé vers la
quantité et faire des bornes alors que l’on est plus dans la qualité en France.
Je courais 140km à la semaine aux Etats-Unis avec des pointes à 160km. Voici le
programme pour une semaine type :
Lundi : footing de 16km à allure 4’10-4’15/km
Mardi matin : séance 4km d’échauffement
+ tempo run sur 12km à allure 3’15/km – on démarre à 3’30/km jusqu’à 3’0/km dès
le 3ème kilomètre + 4km de récupération
Mardi soir : 8km de footing de récupération à allure 4’30/km
Mercredi : footing de récupération de 16km à allure
4’15/km
Jeudi : Séance avec footing de 16km à allure 4’15/km
+ 4x200 en 24’’-25’’ l’été (27’’-28’’ l’hiver)
Vendredi : séance spé cross 8x4’ ou 8x1000 par
exemple et 20x400m pour une spé-piste
Samedi : 16km footing à allure 4’15/km
Dimanche : long run de 26km à allure progressive de 4’10 à 3’20/km
Cela ressemble à l’entrainement du semi-marathon. Je suis désole
de ne pas en avoir encore couru ! A l’entraînement, j’ai fait 16km à 2’59
de moyenne. En tenant 5km de plus à cette allure, ce qui était largement
possible, cela aurait donner 1h03 au semi-marathon. Je vais essayer de faire un
semi en septembre-octobre, peut-être à Valence. J’en veux un qui va vite !
Je faisais mes entrainements souvent à jeun car on partait à
7h30 et je ne voulais pas me lever à 4h pour manger. On me conseillait quand
même de manger des graines, des noix, des fruits secs et de m’hydrater avec des
boissons sucrées. Ça évite de se cramer.
.....Suite de l'interview la semaine prochaine ! Simon nous racontera sa nouvelle structure d'entraînement.
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